Les mains de Véronique transforment le papier en histoires délicates, en créations qui respirent la poésie. Artisan d’art, Véronique explore avec passion les infinies possibilités de cette matière. Sous ses doigts, le papier se plie, s’anime, se sculpte, jusqu’à devenir un univers où chaque design raconte une émotion.
Tu as choisi le papier comme matière d’expression principale. Qu’est-ce qui t’a attirée vers ce matériau et qu’a-t-il de particulier pour toi, au point d’en faire ton langage artistique ?
Au départ, je suis illustratrice jeunesse. J’ai une centaine d’albums à mon actif, ainsi que des boites de jeux, de la déco de chambre d’enfant,… Sortie de mes études artistiques en 1999 (oui, c’était il y a looongtemps), j’ai appris à travailler de façon traditionnelle. L’acrylique, la gouache, les encres et l’aquarelle étaient mon quotidien. Ainsi que le papier, bien sûr.
Ce papier qui me faisait de l’œil lorsque j’allais dans les boutiques de beaux-arts. Cette diversité incroyable qui m’attirait vers autre chose. Le papier est un support extrêmement intéressant par ses épaisseurs différentes, ses textures, ces multiples « blanc », les 1001 couleurs. Tous ces aspects m’intéressaient. C’est une matière brute et noble à la fois qui offre tellement de combinaisons possibles qu’aujourd’hui encore, je suis loin d’en avoir fait le tour.
Chaque création en papier raconte une histoire. Parmi toutes celles que tu as réalisées, laquelle est la plus symbolique pour toi et pourquoi ?
C’est difficile à dire. Je suis une enfant de la campagne, la nature est quelque chose d’encrée en moi, alors je serais tentée de dire que les fleurs, les méduses et insectes réalisés jusqu’ici, vibrent en moi.
Et pourtant, j’ai cette sensation que les maisons de particuliers et monuments que je réalise m’emmènent encore plus loin. Les échanges, que j’ai avec les personnes qui me passent commande, sont tellement riches de souvenirs. La pierre, l’Histoire, les souvenirs font également partie de moi.
D’ailleurs, j’aime donner le nom de « Maison Madeleine de Proust » lorsque j’en parle autour de moi et sur les réseaux. Des maisons où l’on se souvient de moments particuliers, des personnes qui y vivaient, des airs de vacances, d’odeurs douces et sucrées des gâteaux du week-end, les jardins fleuris,… la liste est longue.
As-tu un processus de création, de l'idée initiale à la réalisation finale ? Quelle est la chose la plus inattendue ou surprenante qui t’ait inspirée dans ton processus créatif ?
Une fois que j’ai la validation, je passe par une phase que j’affectionne particulièrement, le choix des papiers selon leur couleur, leur texture, leur épaisseur. Viennent ensuite la partie découpe du papier, l’assemblage et le collage des nombreux petits morceaux. Tel un puzzle. Une passion que j’avais petite d’ailleurs, car, oui, il faut beaucoup de patience pour faire de telles créations.

Si c’est pour une exposition, comme c’était le cas pour mes méduses, mon processus était un peu différent. J’ai commencé par une visite de l’aquarium de La Rochelle, des recherches sur le net pour bien étudier leurs mouvements, leurs formes diverses et variées. Je suis passée par la case « crayonnés » de mes idées et j’ai poursuivi par de multiples prototypes. Les méduses ont une forme si particulière que je ne pouvais pas me tromper. Cette étape était cruciale à mes yeux. J’ai fait, défait, recollé, refait, décollé,… J’ai adoré cette étape de recherches. J’ai appris à dompter un peu plus le papier. Je lui ai découvert des caractéristiques encore méconnues pour moi. Et bim !! Un matin, j’ai trouvé LA forme, LA base de laquelle j’allais repartir pour toutes les réaliser. Toutes différentes quand même au final. Un processus très long mais tellement satisfaisant.

Si tu pouvais imaginer une collaboration avec un autre créateur, passé ou présent, qui choisirais-tu et quel projet rêverais-tu de mener ensemble ?
Mais parfois, je me dis que du papier avec des broderies par-dessus serait très agréable à l’œil également, comme celle d'Élodie @lhonorable.bijouxbrodes pour la mise en couleurs de mes méduses par exemple. Son univers « cabinet de curiosité » que j’aime beaucoup.
J’ai pensé, aussi, à l’association de mes créations de maisons avec des fleurs réalisées en porcelaine froide. Celles de Laetitia @lovelyfloweratelier par exemple ; ou bien avec un papier différent du mien, le papier crépon par Laura @miluccia.shop ou Gwen @infiniprintemps
Tu es devenue Artisan d’art. Comment ce passage a-t-il transformé ton approche de ton métier, ta manière de créer et ton rapport à ton travail ?

Si tes créations pouvaient parler, que diraient-elles de toi après une longue journée de travail ?

Y a-t-il un projet, une exposition ou une commande qui a marqué un véritable tournant dans ton parcours ? Qu’est-ce qui en fait un souvenir si marquant ?
Le premier, c’était la commande de mon tout premier monument qui m’a vraiment ouvert les yeux sur ce que je pouvais faire avec le papier. L’intégration de détails, le travail de superposition et les fait d’attraper la lumière avec des textures différentes et tout ça qu’avec des papiers blancs.
Il s’agissait d’un immense château dans un cadre vitrine de 50 x 70 cm.
Le deuxième moment clé était lors d’une rencontre sur le salon du livre de Limoges où je dédicaçais mes albums jeunesse. J’y ai rencontré des bénévoles passionnés et passionnant du Moulin du Got. Moulin qui fabrique encore du papier à l’ancienne. Un lieu à visiter si vous ne connaissez pas d’ailleurs. À travers nos nombreux échanges, ils ont fini par me parler d’une exposition qu’ils mettaient en place chaque année sur un thème différent. Et bien sûr, ils font appel à des artistes travaillant le papier. Je leur ai montré ce que je faisais jusque-là… Finalement, rien à voir avec le thème qu’ils avaient choisi pour 2025 : les océans. Mais comme j’adore les challenges et sortir de ma zone de confort, j’ai accepté de faire partie de cette aventure. D’où mes méduses.

Quels sont les principaux défis auxquels tu as été confrontée dans ta carrière, et comment les as-tu surmontés ?
Il y a eu, aussi, tout au début de la carrière artistique, mon côté timide qui m’empêchait d’aller de l’avant. Jusqu’au moment où je me suis rendu compte, sur un salon, mon book sous le bras, que si je n’allais pas vers les éditeurs, c’est une autre personne qui le ferait et qui potentiellement travaillerait sur un projet à ma place. J’ai fait un aller/retour dans un couloir, j’ai crié intérieurement, et je suis allée me confronter à des personnes qui étaient finalement très ouvertes, à l’écoute. Et vous savez quoi ? J’ai décroché une collection de 20 minis albums chez un éditeur !! Alors ?! C’est tentant de laisser sa timidité de côté, non ?
Enfin, quel message aimerais-tu transmettre à celles et ceux qui rêvent de donner vie à leur créativité et de transformer une passion en métier ?
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