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Rencontre avec Philippine de Contenson / Dessine moi une fleur

Rencontre avec Philippine de Contenson / Dessine moi une fleur

C’est au dernier Festival de créateurs Kids Etc que j’ai eu la joie de croiser la route de Philippine, une artiste aussi talentueuse que sensible.
Avec ses aquarelles tout en finesse et ses allégories sur-mesure, elle réussit à capturer l’essence des personnes qui nous sont chères, en mariant nature et poésie d’une manière unique.
Dans cet entretien, elle nous ouvre les portes de son univers créatif, partageant son parcours et ses inspirations.

Peux-tu nous parler de ton parcours.
Comment as-tu découvert ton chemin de créatrice et quelle a été la révélation qui t’a donné envie de te lancer ?

Nos parents nous ont appris à savourer le beau depuis notre plus jeune âge. Dans la nature, l’art, la musique, la littérature, les belles pierres… En nous faisant toucher à beaucoup de domaines créatifs et en bricolant avec eux, ils nous ont fait prendre conscience que nous étions « capables », et qu’il fallait aller au bout de nos envies.

La beauté est une ressource puissante pour la vie. Je suis convaincue qu’en cherchant le beau autour de nous et en le transmettant, nous apportons de la douceur et de la chaleur au monde et à ceux que nous croisons. C’est donc comme une évidence que j’ai cherché à faire cohabiter tout cela avec mes études, puis ma vie professionnelle et ma famille.

Je dessine et peins depuis toujours (d’abord en autodidacte puis de façon plus académique : cours avec des professeurs de l’ESAG et aux Beaux-Arts de Paris, formation auprès de spécialistes des grands peintres flamands, lorsque nous habitions aux Pays-Bas). La révélation fut sans aucun doute ma rencontre avec la dernière représentante de l’Ecole de Rouen (technique de peinture à l’huile en nature, issue des impressionnistes). Elle m’a prise sous son aile pour des excursions de peinture (qu’il vente ou qu’il neige, nous restions dehors !). Des instants d’apprentissage privilégiés, qui m’ont émancipée du dessin académique, et ont soudé mon amour de la respiration en nature avec celui de peindre. C’est à ce moment-là qu’a germé cette idée des allégories sur mesure pour représenter ceux qu’on aime en utilisant la nature.

C’est à la naissance de notre 3ème enfant que j’ai redécouvert la luminosité et la douceur de l’aquarelle, une technique parfaitement conciliable avec une vie de famille. En la travaillant comme je le fais, elle offre une intensité de couleurs aussi puissante que l’huile et ses transparences permettent des jeux de superpositions uniques. Cette technique m’a libérée des contraintes matérielles qui l’huile impose, ce qui m’a permis d’ancrer la création dans mon quotidien.



Quelles muses t’accompagnent et comment gardes-tu ta créativité vive au fil du temps ?

Le rythme de notre société est dense, il faut apprendre à gérer cela pour ne pas se laisser emporter au détriment de nos créations. Ma façon de le faire est de préserver des fenêtres de respiration, des choses simples qui permettent de couper : des randonnées en famille (si possible de plusieurs jours !), la lecture, un bain chaud avec une bougie parfumée et une musique douce, des coupures pour réfléchir au sens de ce que l’on fait… et, surtout, le moins d’écran possible. Ma famille est une force, dès que nous le pouvons, nous partons tous les 5 (même parfois lorsque j’expose loin de chez nous !).

Si tu pouvais collaborer avec n’importe quel artiste, du passé ou du présent, qui choisirais-tu et pour quel type de projet ?

Je choisirais Anna de Noailles pour ses poèmes exprimant une nature riche, pleine de vie (ou parfois indolente), de puissance… et de passion. Nous aurions pu créer une anthologie de l’abondance : un recueil de mots et de couleurs à feuilleter, pour porter le quotidien des citadins d’aujourd’hui.

Comment vois-tu l’évolution de ton art dans les 10 prochaines années, et quels nouveaux territoires créatifs aimerais-tu explorer ?

2025 est pour moi une année de nouveautés : j’ai la chance d’avoir été sollicitée pour illustrer un roman magnifique, en me donnant le champ libre dans la forme et dans la mise en page ! J’ai aussi beaucoup d’autres projets (et rêves !) : peindre des - très - grands formats, finaliser ma nouvelle gamme de cartes puzzle (je n’en dis pas plus, c’est en cours), réaliser le dessin de foulards carrés en soie… continuer à faire de belles rencontres et de nouvelles collaborations (créateurs, édition, parfumerie…). J’aime les choses qui changent, les nouveautés et les défis !



Est-ce qu'on a toujours la même créativité quand peindre devient un métier ? Et quelles sont tes astuces pour maintenir ta créativité ?

Avec une passion qui est aussi un métier, l’équilibre est compliqué à tenir (d’autant plus en travaillant de chez soi !). J’ai la chance d’avoir 3 jeunes enfants et un mari que j’aime et qui m’inspirent, ils sont prioritaires pour moi. Leur présence m’impose un rythme séquencé. Ce n’est pas toujours simple à gérer avec mon travail, mais cela me pousse à sortir de mon atelier et à prendre du recul.

En dépit de cela, il m'arrive parfois de peindre tard dans la nuit, ou durant les week-end, sans m’arrêter. Je pense qu’il faut avoir les idées claires sur ce qui fait vivre notre créativité : avant tout j’aime jouer avec mes pinceaux et mes couleurs, et je souhaite que les personnes qui reçoivent les allégories en soient heureuses ; je n’enverrai pas une œuvre tant que je n’en serai pas satisfaite. Si pour cela je dois suspendre d’autres impératifs quelques jours (mon site, mes réseaux sociaux…), je me dis que c’est pour le meilleur. Il faut être sereine avec cela et l’exprimer pleinement à ceux qui nous font confiance par leur commande, sinon le stress peut nous faire travailler moins bien, et transformer notre passion en pression.



Si tes créations pouvaient parler, que diraient-elles de toi après une longue journée de travail ?

Elles me diraient sans doute : « les fins de longues journées sont bénéfiques à la libération du geste et de la pensée, mais une trop longue journée met tout en risque ». Un entre deux :-)



Y a-t-il un projet qui a vraiment changé le cours de ta carrière et pourquoi ?

La première personne qui a compris et cru en mes allégories sur-mesure, des portraits à l’aquarelle utilisant la symbolique du langage des fleurs et de la nature, lorsque j’ai lancé cette nouvelle activité il y a 4 ans. Cette première commande m’a donné confiance, elle m’a montré que d’autres personnes étaient sensibles à cette façon de représenter ceux qu’on aime, comprenaient ma démarche.

Quelle est la leçon la plus précieuse que tu aies apprise depuis que tu as commencé ta carrière de créatrice ?

Ce serait un mantra en 3 volets :
Donner le meilleur de ce que l’on peut
Aimer réaliser ses créations
Avancer avec audace et confiance



Quels conseils donnerais-tu à ceux et celles qui aspirent à se lancer dans une carrière créative comme la tienne ?

Avoir une carrière créative implique souvent d’être sur tous les fronts : nos créations (le moteur de notre activité !) et aussi des domaines que, parfois, l’on maîtrise moins bien. Motivée comme jamais on avance tête baissée, sans se rendre compte qu’on peut perdre le recul nécessaire à la prise de décisions et à notre sérénité. Ainsi, mon plus grand conseil serait le suivant : ne pas s’isoler, continuer à s’enrichir de la famille, des amitiés, des rencontres… C’est ce qui nous porte, même si l’on travaille en solitaire !

Viens vite découvrir l'univers de Philippine :
Son site www.philippine decontenson.com
Son compte Instagram @dessine.moi.une.fleur

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