Je t’embarque dans l’univers de Laura Flavigny, paper florist. Son truc ? Transformer des émotions en bouquets éternels, avec un vrai talent pour capturer l’instant.
Et autant te dire que je suis totalement fan de son travail : le réalisme de ses fleurs, les couleurs vibrantes qu’elle choisit… Tout est pensé avec une précision et une sensibilité dingues.
Peux-tu nous parler de ton parcours.
Comment as-tu découvert ton chemin de créatrice et quelle a été la révélation qui t’a donné envie de te lancer ?
J’ai toujours eu cette nécessité de créer avec mes mains, comme un prolongement naturel de mon être. Enfant, ma mère m’a transmis le plaisir du faire par soi-même, cette conviction que créer de ses mains procure un bien-être profond, presque méditatif. Elle m’a appris que le geste artisanal a une valeur qui va bien au-delà de l’objet fini : c’est un moment de transmission, d’attention et de patience.
Pourtant, avant de devenir paper florist, mes métiers n’étaient pas du tout manuels. J’évoluais dans d’autres domaines, sans réaliser qu’il me manquait quelque chose d’essentiel pour mon équilibre. J’aimais ce que je faisais, mais il y avait un vide, une sensation diffuse de ne pas être totalement alignée avec moi-même. Ce n’est qu’en retrouvant le travail manuel que j’ai compris ce qui me manquait : le contact direct avec la matière, la liberté de transformer une idée en objet tangible.
Le fil conducteur dans mon parcours a toujours été l’apprentissage en autodidacte. J’aime comprendre, expérimenter, explorer par moi-même. Je n’ai jamais attendu qu’on m’enseigne une technique pour me lancer : j’ai appris seule, en observant, en essayant, en me trompant parfois, mais surtout en avançant à mon rythme.
Mais mon passage à la création en tant que métier ne s’est pas fait d’un seul élan. C’est un traumatisme personnel qui m’a poussée à me lancer officiellement. J’avais besoin d’un refuge, d’un espace où poser mes émotions autrement que par les mots. Le papier est devenu cette matière à travers laquelle je pouvais transformer ce que je ressentais en quelque chose de beau, de tangible. Au début, c’était presque accidentel. Un chemin que je suivais sans trop savoir où il me mènerait. Mais avec le recul, je crois que cette âme de créative et d’entrepreneuse a toujours été là, simplement endormie, en attente du bon moment pour se révéler.
Aujourd’hui, je ne reproduis pas seulement des fleurs. Je façonne des souvenirs, des émotions, des instants suspendus. Chaque pièce que je crée porte en elle un fragment d’histoire, une trace de ce que je ressens et de ce que la personne qui la reçoit souhaite préserver. Ma sensibilité me permet d’aller au-delà du simple geste technique : je cherche à capturer ce qui est précieux et intemporel, à donner une seconde vie aux instants fugaces.
Quelles muses t’accompagnent et comment gardes-tu ta créativité vive au fil du temps
Ma première muse, c’est la liberté. Celle de créer ce que je veux, quand je le veux, et surtout, de construire ma vie selon mes propres règles. Être paper florist, c’est bien plus qu’un métier, c’est une façon d’exister en accord avec moi-même.
J’ai choisi cette discipline parce qu’elle me permet de façonner mon quotidien à mon rythme, de refuser la routine, de travailler en connexion avec mes émotions et d’avoir cette dimension éthique importante à notre monde. Justement, ma créativité est intimement liée à mon état d’être du moment. Elle n’est pas linéaire, et je l’ai accepté avec le temps. Parfois, elle est foisonnante, presque envahissante, et parfois, elle est à zéro. Mais c’est devenu ok. Je ne la force plus. Je sais qu’elle reviendra naturellement quand ce sera le bon moment.
C’est une danse entre mon énergie intérieure et mon besoin de création.
Sinon, mes inspirations viennent de partout : la nature bien sûr, avec son infinie diversité de formes et de textures, mais aussi la peinture, les arts décoratifs, un tissu qui ondule sous le vent, une sculpture qui capte une émotion.
Et puis il y a les histoires des autres, celles que l’on me confie pour que je les transforme en fleurs éternelles. C’est souvent en écoutant ces récits que mes mains se mettent en mouvement.
Et puis il y a ma fille ... celle pour qui je veux montrer, que tout est (presque) possible.
Quelle création, parmi toutes celles que tu as réalisées, est la plus significative pour toi et quelle histoire personnelle s’y cache ?
Il y a un bouquet qui m’a marquée plus que les autres il y a deux ans. Une mariée m’a demandé de recréer les fleurs du jardin de son enfance, celles que sa grand-mère cultivait, là où elle passait des moment précieux et de qualité. Ce bouquet, ce n’était pas juste une composition florale, c’était un morceau de mémoire, un hommage vibrant. Quand elle l’a eu entre ses mains, elle a pleuré, et moi aussi d’ailleurs, c’était intense comme moment. C’est à ce moment-là que j’ai compris que mon travail allait bien au-delà de l’esthétique : il touche à l’intime, à la transmission des émotions.
Comment vois-tu l’évolution de ton art dans les 10 prochaines années, et quels nouveaux territoires créatifs aimerais-tu explorer ?
Pour être honnête, je ne me projette pas aussi loin. Je suis quelqu’un qui fonctionne beaucoup au ressenti, au jour le jour. Mon métier me permet de savourer l’instant, et c’est aussi ce qui me plaît : je ne cherche pas à tout planifier, mais plutôt à suivre le fil de mes envies et de mes émotions. Ce que je sais, c’est que j’ai envie de continuer à toucher les futures mariées, à leur offrir des bouquets qui ne faneront jamais, des souvenirs qu’elles pourront garder toute une vie. Apporter de l’émotion à travers mon travail, créer des pièces qui résonnent profondément avec celles et ceux qui les reçoivent, c’est ça qui me guide avant tout.
Crédit photo @magaliselviphotographe
Bien sûr, il y aura des évolutions. Peut-être des pièces plus sculpturales, des collaborations inattendues, un nouveau livre... mais je préfère laisser mon art suivre son propre chemin, sans chercher à lui imposer une direction. Tant que je prends plaisir à créer et que mon travail touche les gens, c’est tout ce qui compte pour moi.
Comment trouves-tu l’équilibre entre ta vie pro et ta créativité, et quelles astuces t’aident à le maintenir ?
C’est un équilibre en mouvement, que je réajuste sans cesse. Ce qui m’aide, c’est d’accepter que je ne peux pas tout faire en même temps. J’ai appris à prioriser, à dire non, à m’écouter. La gestion du temps est essentielle, mais je crois aussi qu’il faut savoir lâcher prise : la créativité ne se force pas, elle s’entretient. Alors, parfois, je coupe tout, je vais marcher, je lis un roman graphique, je vis... Et c’est là que les meilleures idées surgissent.
J’ai aussi eu l’expérience d’avoir un local pendant 5 mois, et ça m’a appris une chose essentielle : il faut bien cloisonner sa vie perso et pro. Travailler chez soi, c’est pratique, mais ce n’est pas toujours évident. Ma productivité ne va clairement pas avec le fait de lancer une lessive entre deux créations ! J’ai compris que j’ai besoin d’un vrai espace de travail, structuré, où je peux être totalement immergée dans ma création.
Et surtout, ce qui est primordial, c’est de ne pas être seule. Le collectif porte. S’entourer de personnes qui comprennent notre métier, qui partagent des problématiques similaires, c’est essentiel pour ne pas s’épuiser ou se sentir isolée. J’ai la chance d’avoir trouvé un réseau bienveillant avec qui échanger.
Quels conseils donnerais-tu à ceux et celles qui aspirent à se lancer dans une carrière créative comme la tienne ?
Osez. Osez suivre votre intuition, expérimenter, échouer, recommencer. Il n’y a pas de voie tracée dans la création, mais il y a une chose essentielle : la persévérance. Ne laissez pas le doute vous faire reculer. Et surtout, ne cherchez pas à plaire à tout le monde. Votre authenticité est votre plus grande force.
Mais soyons honnêtes, ce n’est pas un chemin facile. Il y a des moments de doute, des périodes où l’incertitude financière est lourde à porter. Vivre de son art, c’est aussi apprendre à gérer cette instabilité, à jongler entre passion et réalité économique. Ce n’est pas toujours simple, et parfois, on se demande pourquoi on s’inflige ça.
Mais malgré tout, cette liberté en vaut le coup. Pouvoir créer son propre cadre, décider de sa manière de travailler, façonner un métier à son image... c’est une richesse incomparable. Il faut aussi oser viser grand, sans se demander si ça va marcher ou non. L’important, c’est d’être en mouvement, d’essayer, de tester, d’ajuster en cours de route. Il vaut mieux avancer avec des incertitudes que rester figé par la peur de l’échec. Lancez-vous, créez, trouvez votre propre rythme.
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